- Écoconception
Comment réussir votre déclaration d'écoconception ?
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Contrairement à la déclaration d’accessibilité, qui peut être obligatoire si votre structure est soumise aux obligations d’accessibilité, la déclaration d’écoconception d’un site web n’est requise par aucune réglementation.
Elle est encore rare, mais vous avez peut-être déjà aperçu des liens « Écoconception » ou « Déclaration d’écoconception » en vous promenant sur le web. D’ailleurs, Laurent Devernay Satyagraha fait un recensement assidu de ces pages sur Déclarations d’écoconception et RGESN.
Alors, pourquoi vous lancer dans l’exercice malgré tout ? Et surtout, comment lui donner toute sa portée et éviter le greenwashing ?
Pourquoi publier une déclaration d’écoconception sur votre site ?
Informer et éduquer
L’impact environnemental de nos usages numériques, et son augmentation, restent encore mal connus. La déclaration d’écoconception permet d’en parler de façon concrète, au détour d’un site web qui traite d’un tout autre sujet.
Aller plus loin que le score
La première étape, lorsqu’on s’intéresse à l’impact environnemental de son site web, est souvent de publier un badge ou un score d’écoconception. Je pense notamment à ceux fournis par les services suivants :
L’écoindex fournit un score sur 100, représenté par une lettre de A à G. Il prend en compte et combine plusieurs facteurs.
Website Carbon attribue une note de A+ à F, basée sur une estimation des émissions de gaz à effet de serre.
Kastor propose un score sur 100, en analysant les bonnes pratiques d’écoconception et d’accessibilité.
Publiés sous forme de badge sur un site, ces scores sont intéressants pour montrer partiellement le résultat de vos efforts.
Mais ils peuvent aussi facilement être utilisés comme outil de greenwashing, en affichant une bonne note qui ne dit rien de plus que ce qu’elle peut dire. Car comme tous les outils automatiques, ceux-ci ne disent rien du pourquoi vous avez entrepris cette démarche d’écoconception, et très peu sur comment vous avez atteint ce résultat.
Entreprendre une démarche d’amélioration continue
À l’inverse des notes et autres scores, la déclaration d’écoconception vous ancre dans une démarche d’amélioration continue. Elle propose une évaluation qualitative de l’état actuel, tout en insistant sur les étapes futures qui permettront de réduire l’impact environnemental du site ou service numérique. Même avec un mauvais score à un instant T, elle documente vos efforts d’évaluation et votre plan pour faire mieux.
Quelques pistes pour réussir votre déclaration d’écoconception
Mais par où commencer pour écrire une bonne déclaration d’écoconception ? Voici quelques pistes.
Soyez transparent et concret
La première vertu d’une déclaration d’écoconception, c’est sa transparence. Vous n’êtes pas parfait, votre site non plus. Inutile donc de lister toutes les raisons pour lesquelles vous êtes le plus grand champion du web bas carbone.
Votre déclaration sera beaucoup plus intéressante si vous :
l’inscrivez dans des efforts généraux de réduction de votre impact environnemental,
documentez les choix que vous avez fait pour réduire l’impact de votre site,
prenez acte des limites existantes et des efforts restant à faire,
précisez ce que vous n’avez pas pu mesurer, et dont l’impact reste donc estimé ou inconnu.
Appuyez-vous sur des référentiels reconnus
Vous pouvez tout à fait publier une déclaration d’écoconception sans vous lancer dans une analyse de cycle de vie ou un audit complet, mesures chiffrées à l’appui. Mais si vous avez entrepris une démarche d’écoconception, il y a fort à parier que vous ou vos équipes avez en partie suivi des référentiels de bonnes pratiques ou d’évaluation.
Voici les plus connus :
Le Référentiel de bonnes pratiques d’écoconception web (RWEB), propose 119 bonnes pratiques d’écoconception pour le web et est particulièrement apprécié des développeurs et développeuses.
Le GR491 répertorie 516 critères pour la conception responsable de services numériques. Au-delà de l’écoconception, il promeut un numérique responsable dans sa globalité.
Le Référentiel général de l’écoconception des services numériques (RGESN), porté par l’État français, met en avant 78 fiches pratiques qui sont autant de critères d’évaluation de la démarche.
Malgré leurs différences, ces référentiels se rejoignent sur des nombreux points. L’essentiel est de choisir le plus adapté à votre contexte, celui qui vous aidera réellement à entamer la démarche et avancer.
Une fois que vous avez mis en place les bonnes pratiques qui vous semblaient pertinentes, vous pouvez utiliser ces référentiels pour effectuer une auto-évaluation : combien de ces bonnes pratiques avez-vous suivi ? Si vous en avez laissé de côté, pourquoi ? C’est la réponse honnête à ces questions qui vous servira de base pour :
communiquer de façon transparente auprès de votre public,
identifier les points d’amélioration restant à couvrir et garder une trace de votre évolution.
Soyez précis mais concis
Qui va lire votre déclaration ? Quel est son objectif et sa cible ? Voulez-vous communiquer au grand public ou à un public technique qui pourra vérifier vos dires ?
Je recommande généralement d’adopter deux niveaux de lecture :
un premier niveau de lecture qui résume votre démarche, votre évaluation et vos résultats à date,
un second niveau qui fournira toutes les clés aux personnes qui souhaiteraient éprouver votre démarche, ou simplement en savoir plus.
C’est ce que j’ai fait pour la déclaration d’écoconception d’emue design, en proposant un résumé et le document d’évaluation RGESN complet en téléchargement.
Prêt·e à vous lancer ?
En décidant d’aller plus loin que le score pour entamer une démarche d’amélioration continue, vous affirmez votre engagement en faveur d’un numérique plus sobre. Bravo ! Partez de là où vous êtes, et ne cherchez pas à aller trop vite : je suis sûre que vous apprendrez plein de choses en chemin.
Et si votre curiosité n’est pas rassasiée, inscrivez-vous à la journée de l’écoconception 2026. J’y co-animerai l’atelier Écoconception : rien à déclarer ! avec Laurent Devernay Satyagraha.
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